Originaire du sud de la France, Olivier Brabant, diplômé de l’école nationale supérieure d’architecture de Marseille, est une figure à La Réunion. Connu pour son franc parler et reconnu pour son talent, son cabinet d’architecture OBA vient de décrocher l’extension de l’aéroport de Roland Garros. Un énorme projet, véritable aboutissement de ses théories et de son travail sur la bioclimatique.
Pourquoi êtes-vous venu vous installer à La Réunion après avoir travaillé avec les plus grands à Marseille ?
J’ai débuté ma carrière avec le cabinet de Rudy Ricciotti qui a fait le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille. C’est un concours de circonstance. N’étant pas fils de, ce qui est une des conditions pour pouvoir s’installer dans ce milieu très fermé, j’ai eu l’occasion de participer à des appels d’offres sur l’île de La Réunion en travaillant notamment pour Jean François Delcourt, Dominique Jean et Antoine Perrau. Le travail sur l’extension de la DIREN en 2003 où je découvre l’architecture bioclimatique a été un élément déclencheur, un vrai tournant dans ma carrière.
Comment percevez-vous l’évolution du métier d’architecte sur ces 20 dernières années ?
Je pense que l’école d’architecture, ainsi que les formations du CAUE ont permis de faire évoluer le métier tant en maîtrise d’œuvre qu’en architecture pure. Je pense qu’on évolue dans le bon sens et que l’on prend la mesure de la nécessité du bioclimatique, tant dans le privé que dans le public. Il y a une vraie prise de conscience. La Réunion est pour cela un véritable laboratoire technologique et historique à travers notre patrimoine. Nous devons imaginer des bâtiments traversants qui se passent de climatisation. L’histoire est là pour nous le rappeler. Il y a plus 150 ans, ils savaient faire des cases créoles ventilées, ils avaient tout inventé. Il y avait de l’intelligence et de la réflexion dans la construction. Du bon sens aussi. Aujourd’hui, nous n’inventons rien. Tout avait déjà été imaginé. Chaque maison était entourée d’un jard in avec de grands arbres permettant de rafraîchir l’espace intérieur. L’orientation de la maison était réfléchie. A l’intérieur, les systèmes de claustra, les persiennes, les volets coulissant et basculant afin de mieux ventiler, autant de systèmes ingénieux qui permettaient de ne pas souffrir de la chaleur et de vaincre l’humidité. De même que les hauteurs sous plafond et des cloisons ajourées, les auvents et les varangues participaient aussi à rendre agréables les demeures. Il nous faut apprendre du passé, mettre en pratique les systèmes de pression et de dépression. Utiliser des patios pour favoriser les tirages d’air. Prenons exemple sur ce qui se fait en Espagne, en Italie et au Maroc même si leur climat est beaucoup plus sec. Inspirons-nous de ce qui se faisait par le passé.
Pour Charles-Édouard Jeanneret-Gris plus connu sous le nom de Le Corbusier, « L’architecture, c’est une tournure d’esprit et non un métier ».